Arts et Loisirs
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Les programmes
Conférence mardi 11 juin 2013

Les Macchiaioli

Musée de l’Orangerie du 10 avril au 22 juillet 2013

par Mme Françoise Mollard, conférencière des musées nationaux, diplômée de l’ Ecole du Louvre.

C’est à partir du mot macchia (tache), qui leur servait à définir leur manière, que l’on désigna les peintres qui, à Florence, v. 1855, furent à l’origine d’un mouvement de rénovation antiacadémique au moment où le goût romantique évoluait vers le Réalisme. Aux principaux représentants du groupe — Fattori, Lega et Signorini — se joignirent De Tivoli, d’Ancona, Borrani, Cabianca, Banti, Sernesi, Cecioni et Abbati. Déjà, de 1848 à 1850, parallèlement à la recrudescence des passions politiques, se manifestaient des ferments de rébellion contre l’esthétique dominante, qui, d’abord néo-classique, avait adopté du Romantisme ses sujets, mais n’avait pas renouvelé son langage pictural ; ces velléités de révolte animaient les discussions du café Michelangelo, qui devait devenir le siège du mouvement et son symbole.

Ce ne fut pourtant qu’après 1855 que ces vagues aspirations antiacadémiques commencèrent à se concrétiser, à la suite des découvertes faites au cours de voyages à Londres et à Paris (à l’occasion de l’Exposition universelle), surtout par le Livournais Serafino De Tivoli, découvertes qui concernaient seulement les paysagistes de Barbizon (Troyon, en particulier) et la peinture, riche en contrastes, de Decamps …. La date de 1855 marqua, pour le groupe florentin, une prise de contact certaine avec les courants naturalistes européens … En outre, à partir de 1855, le tout jeune Diego Martelli s’était joint au groupe, apportant aux  » tachistes  » son soutien de critique et de mécène. Entre 1860 et 1870, à l’occasion d’études de scènes militaires, eurent lieu les expériences les plus fructueuses de paysages, exécutés d’après nature, où ces peintres étudiaient le clair-obscur et les rapports colorés afin de traduire les reliefs d’une manière plus synthétique. De cette étude de rapports colorés naquit justement la  » tache « , qui sert à définir clairement les plans et s’articule sur la structure linéaire … Ces artistes disaient que  » le volume apparent des objets représentés sur une toile s’obtient en indiquant simplement le rapport des clairs et des sombres, et qu’il n’est possible de représenter ce rapport à sa juste valeur qu’avec des taches ou des touches qui le saisissent exactement  » (Martelli). C’est ce qui contribue à donner aux œuvres des Macchiaioli l’aspect caractéristique de marqueterie colorée, de formes en clair-obscur fortement découpées. Seuls Fattori et Lega furent fidèles à la peinture  » di macchia « , même après 1880, alors que désormais d’autres peintres avaient évolué depuis dix ans d’une façon différente.

Cet article est extrait de l’ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Le musée d’Orsay, dans son désir de montrer le rayonnement de la peinture de la seconde moitié du XIXe siècle, se devait de faire découvrir au public français un des mouvements les plus poétiques de cette période, très proche des recherches plastiques des artistes impressionnistes. Cette peinture exerça une importance capitale sur des cinéastes italiens, comme Luchino Visconti et Mauro Bolognini, qui y trouvèrent une inspiration iconographique et un langage particulier de l’image.
Source : http://www.musee-orsay.fr/fr/evenements/expositions/hors-les-murs/presentation-generale/article/les-macchiaioli-33792.html