Arts et Loisirs
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Conférence mardi 5 janvier 2016

Anselm Kiefer et le cauchemar de l’Histoire

Exposition au Centre Pompidou du 16 décembre 2015 au 18 avril 2016

par M. Christian Monjou, Ancien professeur de Khâgne au lycée Henri IV et ancien chargé de cours à l’agrégation ENS Ulm

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« L’exposition, inédite par son ampleur et sa sélection, que le Centre Pompidou consacre à l’oeuvre d’Anselm Kiefer propose une traversée rétrospective du parcours prolifique du célèbre artiste allemand, de la fin des années 1960 à nos jours. Une soixantaine de peintures, en provenance d’importantes collections privées et publiques dans le monde, réunies pour la première fois, dialoguent avec des installations, des vitrines, des ouvrages qui composent une exposition conçue comme une suite de moments thématiques dans la carrière de l’artiste, avec toute sa complicité.

Né en mars 1945, Kiefer participe avec Georg Baselitz, Gerhard Richter, Sigmar Polke ou encore Jorg Immendorff du renouveau de la peinture allemande des années 1970, qui émerge dans un contexte international marqué par le néo-expressionnisme. L’oeuvre d’Anselm Kiefer apparaît très vite comme singulière, par son obsession à traiter de l’Histoire et des mythes propres à la culture germanique. La plongée dans le passé et la mémoire sont sa stratégie pour répondre à la question qui taraude cette génération d’artistes : comment faire oeuvre après Hitler, répondant à la célèbre injonction de Theodor W. Adorno: «Toute culture consécutive à Auschwitz y compris sa critique urgente n’est qu’un tas d’ordures. »

En 1984, en se rendant en Israël pour une exposition, Kiefer prend conscience avec une nouvelle acuité de la perte, du deuil de la culture yiddish au sein même de la culture germanique du fait de la mise en oeuvre de la « solution finale ». Il étudie la philosophie du Talmud, les textes de la Cabbale, notamment au travers des écrits de Gershom Scholem et d’Isaac Louria. Il s’inspire de concepts aussi complexes que le Tsimtsoum (retrait) ou Chevirat ha-kelim (brisure des vases). Il commence à élaborer une oeuvre qui s’écarte de la figuration occidentale traditionnelle pour se situer dans le champ d’une symbolique ou d’une « présence ».
Anselm Kiefer cite très souvent dans ses compositions le polyèdre présent dans la célèbre gravure d’Albrecht Dürer, Melencolia (1514). La mélancolie kieferienne ne se situe pas tant dans le registre de la géométrie que dans celui du deuil : le deuil d’une culture entachée par l’instrumentalisation qu’en a donné le totalitarisme, le deuil d’une culture juive auquel vient s’ajouter une méditation sur la ruine comme principe de création. Cette question, que Kiefer inscrit dans notre présent collectif au travers de référents architectoniques mais aussi de la matière de ses oeuvres (le plomb, la cendre…), fait figure d’allégorie de la propre vanité de l’homme en général et de l’artiste en particulier ».
Source : https://www.centrepompidou.fr

« En 1969, Anselm Kiefer se fait remarquer dans le milieu artistique en se photographiant dans de grandes villes d’Europe faisant le salut nazi. Il nomme ces performances « Occupations », cherchant de cette manière à marquer les consciences. Ainsi veut-il affirmer avec force que le nazisme n’est pas mort mais qu’il demeure occulté. Lutter contre l’oubli et le refoulement du souvenir…
Elle rassemblera, sur 2 000m2, près de 150 œuvres, dont une soixantaine de peintures comptant parmi ses chefs-d’œuvre incontournables, des installations, des travaux sur papier, ainsi que quelques livres d’artiste (il en réalisa plus d’une centaine entre 1968 et 2015).
En plus des peintures historiques et emblématiques (Quaternität (1973), Varus (1976) , Margarete (1981),
Sulamith (1983), 40 « vitrines » ont été réalisées spécifiquement pour la manifestation sur les thèmes de l’alchimie et de la kabbale….
Pour l’artiste, la matière porte en elle son propre esprit, et sa mémoire. Aux matériaux habituels de la peinture, il adjoint de la glaise, du plâtre, des végétaux (tournesols, fougères), de la paille, de la cendre, des métaux comme le fer et surtout le plomb, qu’il utilise depuis le milieu des années 1970.
Ce métal possède pour l’artiste des qualités électives : qualités physiques de la malléabilité, de la densité extrême, de l’imperméabilité aux rayonnements électromagnétiques. Ce matériau de base des alchimistes dans leur processus de transmutation, est selon Anselm Kiefer, capable de produire une étincelle de lumière, « une étincelle qui semble appartenir à un autre monde, un monde qui nous est inaccessible ».
Aujourd’hui, Anselm Kiefer dispose d’un atelier logistique de 35 000m2, à Croissy-Beaubourg »…
Source : http://www.evous.fr/Exposition-Anselm-Kiefer

Par ailleurs, nous vous conseillons la vision d’un petit reportage sur Anselm Kiefer en utilisant le lien ci-joint. http://www.lepoint.fr/culture/art-dans-l-atelier-d-anselm-kiefer-08-10-2015-1971810_3.php