Arts et Loisirs
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Les programmes
Conférence mardi 5 mai 2015

Velázquez

Exposition au Grand Palais du 25 mars au 13 juillet 2015

par Mme Emilie Jean, Historienne de l’art, Conférencière Nationale, agréée par le Ministre de la Culture.

« C’est l’un des événements de l’année dans le domaine de la peinture: l’exposition Velázquez, qui vient de s’ouvrir au Grand Palais à Paris, est une première en France.

Diego Velázquez (1599-1660) est un des principaux noms de la peinture espagnole et mondiale. Éminent représentant de ce que l’on a appelé le mouvement baroque, il a été adulé par les plus fameux artistes de l’histoire. Ainsi en fut-il de Goya. Des impressionnistes, dont Renoir, qui l’érigèrent en référence absolue. D’Édouard Manet qui admirait ses colorations vives, et pour qui il était « le peintre des peintres », et même le « plus grand peintre qui ait jamais existé ». De Pablo Picasso encore, qui réinterpréta avec la plus grande application Les Ménines. Ou de Salvador Dali, faisant de même, après avoir réalisé Vélasquez peignant l’infante Marguerite avec les lumières et les ombres de sa propre gloire

Velázquez en quelques dates :

Diego Velázquez (c’est le nom de sa mère) nait en 1599 à Séville.

Après un court apprentissage, pénible mais formateur, chez le maître Francisco Herrera le Vieux, il fait, dès 12 ans et durant 6 années, ses classes dans l’atelier de son futur beau père Francisco Pacheco (1564-1644), peintre lettré, influent, censeur officiel de peinture pour l’Inquisition à Séville, et également maître du peintre Alonso Cano. Ses premières œuvres sont marquées par le naturalisme caravagesque. (dont il n’avait pourtant encore jamais encore vu de toiles), et ancrées sur le clair-obscur.

À 19 ans, le 14 mars 1617, Velázquez épouse Juana, fille de Pacheco, dont il eut 2 filles.

En 1623, il débute sa période de cour. Il est présenté au roi Philippe IV. Il est nommé « Peintre du roi ». Velázquez met à profit sa nouvelle condition pour contempler à loisir les chefs-d’œuvre des collections de peintures royales, rassemblant notamment en nombre des toiles de Titien, Véronèse, Bassano et du Tintoret.

En 1629-1631, il rencontre Rubens.
Les grandes étapes d’une exposition historique :

L’exposition présente le panorama le plus complet possible de l’œuvre de Diego Velázquez, depuis ses tout débuts à Séville jusqu’à ses dernières années, ainsi que de nombreux exemples de son influence sur ses contemporains.

Beaucoup des 57 œuvres de Velázquez exposées au Grand Palais sont des portraits des membres de la Cour d’Espagne: roi, reine, infant, nains, bouffons, etc. Seule œuvre importante qui manque, son chef d’œuvre, les Ménines, trésor national espagnol, qui ne quitte pas le musée du Prado.
Mais ces portraits officiels ne sont qu’une partie de l’exposition.

Une première section s’attache à évoquer le climat artistique de l’Andalousie au début du XVIIe siècle, mettant en perspective les premières œuvres de Velázquez. Puis est abordée la veine naturaliste et picaresque, autour de ses scènes de cuisine et de taverne.

Dans la deuxième partie, après les premiers contacts avec Madrid, les tableaux de la Cour de Philippe IV constituent le point fort de l’exposition, avec notamment un intérêt porté à l’infant Baltasar Carlos, fils chéri et héritier attendu de la Couronne.
La troisième et dernière partie, dédiée à la dernière décennie du peintre, montre également ses principaux portraits à la Cour de Madrid, mais aussi à Rome autour du pape Innocent X. Le portrait d’Innocent X, daté de 1650, d’une modernité étonnante (il fascinait Francis Bacon), est l’une des pièces maîtresses de l’exposition.
Autre point fort, loin de la Cour d’Espagne ou du Vatican: La toilette de Vénus, ou Vénus au miroir, grand mystère de l’histoire du peintre et de la peinture espagnole. Seul nu peint par Velázquez. »…
Source : http://www.evous.fr/

Velasquez et son œuvre

…« Diego da Silva Velázquez, souvent transcrit Vélasquez, n’appartient ni au naturalisme, ni au mysticisme du « siècle d’Or ». Il fut, comme le Greco une anomalie. Il rompt le cours de la peinture espagnole, dont il ne partage pas les hésitations entre les douceurs vénitiennes et le ténébrisme. Velázquez n’est pas l’homme des interrogations, mais des certitudes ; les siennes sont d’ordre visuel et tactile et, par le secret des touches rapprochées, des petites taches lumineuses aux reflets soyeux, par la manière dont il identifie le pigment de la peinture à l’expression même de la vie, il témoigne de la plus authentique et de la plus naturelle spiritualité. Tel est le « miracle » de cet artiste de cour, formé par ses séjours en Italie,…tout en nuances, où, sous l’influence de Rubens, la couleur prendra plus de richesse dans la répartition des tons clairs par rapport aux noirs et gris aussi lumineux qu’eux.
S’il excelle dans ses superbes et impitoyables portraits de cour, l’infant Balthazar Carlos, le duc d’Olivarés, Philippe IV, la reine Marie-Anne, l’infante Marie-Thérèse Velázquez est aussi un admirable peintre d’histoire (la Reddition de Breda, vers 1635, musée de Prado, Madrid), de compositions religieuses ou de nus (Vénus au miroir, National Gallery, Londres), tandis que son goût de la réalité rejoint, à travers les figures des nains et de bouffons, cette appréhension de la vérité qui, dans le terrible portrait du Pape Innocent X (Galeria Doria Pamphili, Rome), remplace le pinceau par le scalpel. La réalité, chez Velázquez, est toujours transfigurée ; les Fileuses (1637) représentent-elles un atelier de la fabrique royale ou une scène mythologique ? Quand aux Ménines (1656), ce tableau véritablement magique montre l’artiste entrain de peindre le roi et la reine qu’on voit dans un miroir au fond de la pièce tandis qu’au premier plan, l’infante Marguerite, une délicieuse petite fille rose et blonde entourée de ses filles d’honneur, les « ménines », d’une naine, et d’un gros chien.
Cet instantané de la vie de la cour, autour duquel on devine le bruissement du palais, l’éclat de la lumière de dehors, est fondé sur une composition décalée qui déplace le regard d’un pôle d’intérêt à un autre ; il est peint en larges frottis, sans reliefs appuyés, d’où une subtile diversité de matières et des harmonies de couleur, des gris, des roses fanés, des ocres et des bruns qui créent le mouvement et la lumière à la fois où les rouges grenat ou incarnat et les ors font chanter les rubans, les soies d’ivoire pâle ou les satins. »…
Source : Histoire de L’Art. Du moyen Âge à nos jours ; Edition Larousse, essais et documents